V

Cinq hommes se lancent dans une quête ; le gibier se révèle tout à fait hors de portée.

 

 

Le petit groupe d’hommes à cheval, Ti en tête, parcourut une bonne partie de l’avenue transversale de l’Essor-Bienfaisant, qui mesurait presque dix kilomètres, franchit la porte de l’Ouest gardée par deux lions géants en pierre blanche, et s’engagea sur la route des monts empruntée par le fuyard un mois plus tôt. Chacun emportait dans son paquetage les objets sur lesquels il comptait pour défendre sa vie. Ti avait accroché à sa ceinture l’épée de ses aïeux, l’invincible Dragon de pluie qui l’avait tant de fois tiré d’un mauvais pas, bien que le bâton eût généralement sa préférence. Tsiao Tai portait dans un fourreau le glaive persan acquis dans l’échoppe d’un de ces antiquaires qui écoulaient les trophées conquis par les glorieux soldats de l’empire. Ma Jong lui préférait son épais gourdin, qu’une bonne centaine de crânes avaient contribué à polir depuis qu’il était au service du magistrat, et même avant cela. Tao Gan, qui n’avait que mépris pour tous ces accessoires de la force brutale, se reposait sur les ressources de son intelligence, assez rarement prise en défaut pour qu’il fût encore vivant malgré le nombre infini des rapines auxquelles il s’était livré. Quant au lecteur, il avait enfoui le précieux manuel dans une poche en cuir solidement arrimée à l’arrière de sa selle.

Ils ne s’autorisèrent ni halte dans l’une des confortables auberges qui jalonnaient les accès à la capitale, ni même un arrêt dans un caravansérail, où l’on trouvait toujours un coin libre pour y dérouler sa natte. Le soleil déclinait déjà sur l’horizon quand ils abordèrent la forêt au-delà de laquelle se dressaient les murs de Liquan. Ti retint son cheval pour arriver à la hauteur du lecteur.

— Je suppose que vous avez consulté les cartes ? Aurons-nous le temps de traverser ce bois avant la nuit ?

— Cette forêt est très profonde, seigneur, répondit Ruan Boyan. Il faudrait aller aussi vite que la flèche pour accomplir un tel prodige.

Plus ils s’enfonçaient entre les arbres, plus les lieutenants guettaient avec nervosité une végétation dont les formes s’estompaient à chaque pas. Ti lui-même regrettait de n’avoir pas écouté la voix de la prudence qui lui conseillait de se reposer dans l’un des établissements prévus à cet effet, au lieu de courir avec intrépidité vers l’inconnu. La brume qui s’éleva de la terre humide fondit le paysage en un magma vague et mystérieux. C’était tout à fait ce genre d’ambiance que redoutaient les voyageurs : elle donnait l’impression que tout pouvait arriver, jusqu’à l’impensable. Les ombres faisaient surgir des silhouettes fantastiques dignes de l’imagination fertile des conteurs, et les cris des animaux leur prêtaient des accents rauques ou stridents.

Il fit bientôt complètement noir. Tsiao Tai exprima l’opinion générale quand il signala à leur maître que les chevaux ne voyaient plus où ils posaient leurs sabots : il était temps de trouver un espace un peu dégagé pour y camper.

Ti savait que certains d’entre eux, si courageux fussent-ils, craignaient déjà de voir paraître ces créatures monstrueuses qui peuplaient les lieux écartés. Les règles de la civilisation ne s’appliquaient plus, si loin des villes et des bénédictions sans cesse renouvelées par leurs prêtres. Ils étaient à la merci de quelque fantaisie des dieux ou des divinités non domestiquées qui nichaient sûrement dans ces branchages.

Ce sentiment ne fut pas loin d’assaillir à son tour le mandarin quand un tintement fluet parvint à ses oreilles. Ce son obstiné était particulièrement incongru : c’était celui produit par les clochettes des moines bouddhistes au cours de leurs défilés. Il était d’autant plus inquiétant que les fidèles l’associaient aux puissances magiques qu’il était censé repousser. Ils eurent la certitude qu’un petit cortège cheminait au loin, sur un sentier, derrière les arbres. On ne voyait rien.

— Il y a au moins cinq bonzes, noble juge, dit Ma Jong, dont une longue pratique de la survie en milieu hostile avait aiguisé l’ouïe.

— Y a-t-il un sanctuaire, par ici ? demanda Ti. Nous pourrions nous y arrêter !

— La carte ne dit rien de tel, seigneur, répondit M. Ruan, dont l’assurance de fonctionnaire zélé s’était effritée.

Le grelin tintinnabulant ne cessait pas. La procession semblait errer parmi les arbres. À bout de nerfs, le mandarin tira sur ses rênes et quitta la route pour s’engager de ce côté, le reste de sa troupe derrière lui. Se rappelant soudain la maxime de sagesse qui l’engageait à la circonspection, il décida de laisser quelqu’un derrière eux pour aller chercher du secours en cas de problème. Il désigna le lecteur : c’était le moins utile, avec son traité judiciaire pour toute protection.

Ils errèrent un long moment entre les troncs faiblement éclairés par une demi-lune, à la poursuite de la procession fantôme. Elle se faisait entendre d’un côté, puis de l’autre, comme si les bonzes avaient eu le pouvoir de se transporter instantanément à travers l’espace.

— Ils ne volent pas, tout de même ! s’écria Ma Jong, irrité.

Ti lui ordonna de se taire. Ils firent silence, et le tintement revint.

— Par là, noble juge ! dit Tao Gan avant de lancer sa monture sur sa droite.

Ils suivaient la clochette, mais ne pouvaient la rattraper.

— C’est sorcellerie, seigneur ! chuchota l’ancien escroc.

C’était, du lot, celui qui avait la langue la mieux pendue, mais les autres étaient du même avis. Ti se dit que tout cela n’avait pas de sens. Mieux valait regagner la route. Ils ne voyaient hélas plus, autour d’eux, que des arbres semblables les uns aux autres.

— Nous sommes perdus, noble juge ! gémit Tsiao Tai, que son maître n’avait jamais vu si déconcerté.

— Notre seule chance est de rejoindre ces religieux, suggéra Ma Jong, afin qu’ils nous guident vers leur pagode. Nous y passerons la nuit au sec, tout ira mieux demain !

Ti aurait volontiers abondé dans ce sens s’ils n’avaient laissé derrière eux le lecteur avec, dans ses sacoches, le précieux livre confié par le censorat. Le Sheren ne lui pardonnerait pas d’avoir perdu l’ouvrage si son porteur devait connaître un sort funeste par sa faute.

— Cherchons encore ! Nous n’avons qu’à appeler : Ruan nous répondra !

Ils se mirent à crier son nom d’une voix où perçait la panique, mais la seule réponse fut le son de la clochette à éloigner les démons.

— Au moins, au temple, nous ne risquerions pas de rencontrer un diable, bougonna Tao Gan, qui se voyait mieux composer avec n’importe quelle brute ou quel moine plutôt qu’avec les puissances d’outre-tombe.

Ses compagnons s’obstinèrent à réitérer leurs appels. « Ici ! » leur répondit une voix. Ils s’apprêtaient à bifurquer dans cette direction, quand, soudain, leur épouvante franchit un cap. « Ici ! » fit une autre voix, du côté opposé.

— Ce sont les t’ien-kou[15], seigneur, dit Ma Jong, la voix tremblante, bien qu’il ne fût pas homme à se laisser impressionner.

On n’y voyait rien, et le lecteur lui-même semblait s’être dédoublé de manière à les héler aux quatre points cardinaux. Ils aperçurent une lueur dans le lointain.

— Allons par-là ! décréta Ti, davantage pour mettre fin à leur effroi que dans l’espoir de trouver un refuge.

Ils cheminèrent avec nervosité parmi les frondaisons noires qui leur griffaient la figure et leur donnaient l’impression d’être frôlés par des chimères démoniaques. Tao Gan, qui talonnait sa monture d’un mouvement frénétique, fut le premier à découvrir le lecteur, toujours assis sur sa selle, pas plus rassuré qu’eux. Il avait eu la présence d’esprit d’allumer une lanterne, qu’il agitait désespérément dans leur direction. Les quatre cavaliers le rejoignirent sur la route à peine visible, soulagés d’avoir échappé à l’emprise des spectres qui les pourchassaient dans l’obscurité. Quant à la clochette, elle s’était évanouie, comme si elle n’avait jamais existé.

— Qui organiserait une marche religieuse en pleine nuit, dans un endroit sauvage, noble juge ? demanda Ma Jong d’une voix sombre.

Tous connaissaient la réponse : des ectoplasmes affamés de chair humaine, déterminés à les attraper pour les démembrer avec leurs crocs.

— Le premier qui dit des sottises aura affaire à moi ! prévint Ti, qui souhaitait moins que tout laisser ses lieutenants céder à la frayeur.

Comme on n’y voyait rien et qu’ils craignaient de se signaler s’ils s’aidaient de lampions, ils profitèrent du premier endroit un peu dégagé pour bivouaquer.

— Vous ne désirez pas manger chaud, n’est-ce pas ? demanda Ti, qui jugeait peu opportun d’allumer du feu.

Ils firent « non » du menton.

Après un repas frugal de galettes et de légumes secs arrosés d’alcool fort, ils préparèrent leur couchage. Ti n’eut pas besoin d’ordonner à ses hommes de main de veiller sur leur sommeil. Ils se mirent d’accord d’emblée pour monter la garde à tour de rôle, grimpés sur une branche afin de voir approcher quiconque – ou quoi que ce soit – à qui viendrait l’envie de les attaquer.

Quand Ma Jong réveilla Tsiao Tai pour son tour de garde, il l’avertit qu’il avait aperçu des ombres fugaces dans les bosquets, des fourrés avaient frémi, des oiseaux de nuit s’étaient tus sans raison apparente, et il avait entendu des chuchotements qui n’avaient rien du feulement d’un tigre : les esprits étaient tout près et les surveillaient.

Bien qu’il ne fût fervent adepte d’aucune religion, Tsiao Tai murmura sous forme de litanie une invocation taoïste, ainsi qu’un soutra que les bouddhistes estimaient très efficace contre les forces du mal.

À leur réveil – il serait plus juste de dire « quand le jour se fut levé », car aucun d’entre eux ne parvint à fermer l’œil bien longtemps –, ils furent presque surpris d’être encore en vie.

Ils virent alors qu’ils n’étaient pas les seuls à avoir élu cette minuscule clairière comme lieu de bivouac. De précédents voyageurs avaient aménagé un feu de camp dont les cendres subsistaient au milieu de quelques pierres noircies. Ti remarqua qu’il n’y avait pas que des pierres, mais aussi des os, semés ici et là.

— Les prédateurs sont féroces, dans la région, dit le lecteur, qui contemplait un long fémur dont il ne pouvait définir s’il avait appartenu à une biche ou à une chèvre.

Un cri perçant les fit tous bondir. Dans un réflexe que sa nuit blanche n’avait pas entamé, Tsiao Tai sauta de son perchoir, le sabre à la main. Ma Jong saisit son gourdin, qu’il brandit au-dessus de sa tête, prêt à fracasser sans pitié le crâne du premier démon qui aurait l’audace de se présenter en pleine lumière. Seul Tao Gan n’avait pas bougé. Il tenait entre ses doigts ce qui ressemblait fort à une mâchoire humaine.

Un rapide examen leur démontra qu’ils avaient dormi au milieu d’ossements humains. Ruan Boyan désigna d’un index tremblant un écusson métallique à demi enfoui dans la terre. C’était un insigne du censorat.

— Ils ont été mangés par les monstres-gui ! déclara Ma Jong.

Esprits fantômes des légendes chinoises, les monstres-gui empruntaient souvent une forme animale.

— Une famille d’esprits renards, sans doute, dit Tao Gan avec autant de conviction que s’il avait côtoyé toute sa vie ce genre d’hybride.

Ti, qui avait observé les os de plus près, doutait que les démons eussent besoin d’un couteau denté pour découper leurs victimes. Il avait entendu parler de cas de cannibalisme dans les régions abandonnées des dieux et de l’administration mandarinale, mais n’aurait jamais cru en trouver un exemple si près de la capitale. L’enseignement de Lao Tseu et la pensée de Confucius étaient censés avoir dompté les instincts primaires de l’être humain. Mieux valait ne pas émettre pareille hypothèse tant qu’ils ne seraient pas tirés d’affaire. Elle lui semblait plus inquiétante que celle des « âmes affamées », et il ignorait comment réagiraient ses compagnons. Aussi opta-t-il officiellement pour les exactions de la famille renard.

Renouant avec ses habitudes d’enquêteur, il choisit quelques vestiges pour les étudier plus à loisir. Il ne pouvait imaginer qu’une telle infraction aux règles de la terre et du ciel pût rester impunie. Il lui tardait de rallier des lieux civilisés, afin d’ouvrir une instruction dans les formes.

Ils remontèrent en selle sans qu’aucun d’entre eux eût émis le désir de manger un morceau. Comme le lecteur tendait la main vers sa sacoche, Ti le prévint qu’à la moindre tentative pour lui assener un chapitre de son livre, il l’abandonnerait sans hésiter aux appétits de la famille renard.

Au bout de deux heures d’une chevauchée silencieuse, ils atteignirent l’orée du bois. La prairie qui s’étendait devant leurs yeux leur parut la plus belle du monde. Ils n’auraient pas été plus émerveillés s’ils étaient parvenus aux abords du séjour promis aux bienheureux auprès de l’Empereur jaune.

Quand cet enthousiasme fut un peu retombé, Ti entendit ses lieutenants conférer à mi-voix, d’un cheval à l’autre, pour déterminer si les esprits qu’ils avaient pourchassés la veille étaient des morts-vivants jicingshi, de sadiques hanba, affreuses femmes chauves qui tourmentaient les mortels pour le plaisir, ou, pire, des bei, démons aux jambes atrophiées, incapables de marcher, qui passaient la plupart de leur temps dans les arbres, se déplaçant de branche en branche grâce à leurs bras musclés, ou lançaient des razzias, montés sur des loups de l’enfer.

Le mandarin maudit à haute voix le destin qui l’avait envoyé vers la mort, armé d’un manuel inutile, là où un régiment d’élite n’aurait pas été de trop.

— Votre Excellence a tort de blâmer cet ouvrage éclairé, lui objecta Tsiao Tai. Qu’il me soit permis de lui faire humblement remarquer que les événements correspondent assez bien à ce qui lui a été lu avant le départ : jamais nous n’aurions dû affronter l’inconnu sans y être préparés, ni nous écarter du droit chemin.

« Ce n’est pas faux », songea Ti. Il appela Ruan Boyan pour s’en faire lire un nouveau passage. Le lecteur, enchanté de voir renaître le crédit de son précieux recueil, le tira avec précaution de son enveloppe de soie et commença sa lecture.

— « Un bon juge se gardera de se départir de sa dignité, quelle que soit l’occasion. Il se méfiera des personnes faussement chaleureuses, elles parlent souvent un double langage, et se fiera à son intuition de lettré, guidé par la raison du maître Confucius. De même, il s’abstiendra de lier amitié avec des étrangers douteux : on n’en retire jamais que des ennuis. »

« Fort bien, pensa Ti. Tous mes problèmes sont résolus. » Il remercia le lecteur et se demanda s’il aurait la chance qu’un démon cannibale le débarrasse de l’importun avant que l’agacement ne lui fasse commettre un acte irréparable.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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